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Des Rêves et des Errances
6 août 2013

L'Année des Papillons

J'ai réalisé ce recueil en juin 2011, après une année dense d'écriture très personnelle. En voici quelques extraits :


L'Année des Papillons

Cette année comme une autre, il m'avait semblé, me vidant la tête en regardant pousser les feuilles, que leur silhouette virevoltante, plutôt jaune ou blanche en ces régions, donnait une autre vie aux étroites allées du jardin comme à la friche des champs sauvages. Ils étaient peut-être revenus colorer nos verdures, ces écorces sombres porteuses de lichen et même les fleurs sages et vives. C'était d'autres soleils, des petites traces de vie, éphémères mais comme mues par une tâche sans fin pour laquelle ils se seraient relayés. Ils étaient là, toujours parcimonieux, discrets mais indispensables. Puissent leurs lignées être éternelles. Quel était leur nom ? Le nom savant des planches en couleurs, dans le dictionnaire ?

Plus tard, loin de chez nous, j'en ai retrouvé d'autres. D'autres blancs et certains oranges et marron-noirs. Ils tournoyaient près d'une rivière d'été et se posaient sur cette grande et belle plante nommée par nous l'arbre à papillons. Ils y étaient nombreux à se poser sur ses fleurs longues et violettes. Juste à côté, l'eau chantait dans les pierres. Les enfants riaient. Nous avons voulu ramener juste une tige de cette plante fleurie ; saurait-t-elle pousser ?

Alors je me suis dit que ces magnifiques créatures rappelaient, de par leur discrète présence, les âmes d'autrefois, peut-être comme dans une légende nordique ou non.  Je n'y croyais pas mais fis semblant juste un instant d'envisager cela, parce que j'aurais trouvé ça joli que ce soit vrai. Cette légèreté était douce et belle.

Sur un galet, un de ces êtres, semblant peu farouche, frémit à peine de ma présence. L'une de ses ailes noires et blanches était comme dentelée et cette meurtrissure irréparable le condamnait au sol. Un enfant le transporta délicatement, accroché à une brindille, vers l'arbre à papillons. Il finirait ainsi calmement, au milieu de ses semblables.

 

* * * * *

 

Chanter Dans Le Vent

 

La nuit tombante, le ciel humide,

La flamme vacillant sur le souffle

D’un courant d’air imperceptible,

C’est tout seul au cœur du silence

Que le reflux du souvenir

Des moments qui ne seront plus

Vient m’envahir et me mener

Jusqu’au plus profond du chagrin

Ignorant toutes mes défenses.

 

Mais quand je croise d’autres yeux,

Ceux des compagnons de naufrage,

C’est pour parcourir d’autres terres

Et vivre d’autres aventures,

Rire et chanter vers des verdures

Qui renaitront de sous la neige.

 

Car la vie se visite là

Où voudront nous mener nos pas,

Ou se porte notre regard.

 

Tout seul, je replonge parfois

Dans les méandres du chemin

D’une galerie inondée

Où des noyés, entre deux eaux,

Attendent d’être visités.

C’est dans le silence que je vais

Retrouver des petits matins

Où tout était toujours possible

Où tout n’était que devenir.

 

Mais quand j’étreins d’autres destins,

Que je sens vibrer d’autres corps,

Quand je vais serrer d’autres mains,

Quand je vais parler d’avenir,

Quand seule la table nous sépare,

Quand le partage est un soleil,

Quand chaque voix devient musique,

Je préfère chanter dans le vent.

 

* * * * *

 

Deux Matins

 

Je me souviens si bien de ce matin rêvé,

Petit matin si doux (c’était pourtant d’hiver)

Où je sortis, les yeux rougis écarquillés,

Mais ivre de bonheur en ce matin du monde,

Tandis que s’éveillait tout doucement la ville.

 

Les lumières diffuses de l’éclairage public,

Le noir mat du ciel, ne tiendraient plus longtemps.

Nous étions seuls à vivre lorsque tout somnolait

Et touchions du doigt le bonheur espéré.

La vie était à nous, l’air gonflait nos poumons.

 

Je me souviens si bien du matin ravagé

(C’était pourtant l’été aux trompettes sonnantes)

Où les yeux rougis j’écrivais au silence

Des mots comme des larmes et qui me déchiraient.

En passant à ma main par ce cœur qui saignait.

 

Se dessinaient des lettres et des mots de torture,

Des phrases d’encre salée que déversait ma main

Sans que j’ai l’impression de lui souffler que dire,

Tellement ce chagrin me conduisait ailleurs

D’où je ne suis d’ailleurs tellement revenu.

 

* * * * *

 

Ma Vie aux Six soleils

 

Des jours dorés aux jours vermeils,

Depuis que j’ai pris mon chemin,

Depuis que j’ai quitté les miens

Et cette vallée de merveilles,

 

J’ai senti poindre sous mes pas

Un chemin d’espoirs, des instants

De vrais bonheurs si importants

Tels que je n’en espérais pas.

 

Et j’ai vu fleurir des soleils,

Pleuvoir l’or à travers les nuages.

J’ai sans encombre atteint cet âge

Me chauffant l’âme sans pareil.

 

Quelquefois, le sort se réveille,

Sursaute de sa léthargie

Et c’est le tonnerre qui rugit.

Qu’il retombe dans son sommeil !

 

Puis traversant ce coton gris

Anthracite qui veut nous étreindre,

Nous faire vaciller, nous éteindre,

Des rayons chauffent mon cœur meurtri.

 

Je revois fleurir des soleils,

Pleuvoir l’or à travers les nuages.

Qui cicatrise tous ces ravages

Quand un nouveau printemps s’éveille.

 

* * * * *

 

Dernier Dimanche

 

 Insouciantes, les années filaient,

Empruntes d’une douceur de velours,

Et le sablier s’égrainait,

Lentement, au rythme des jours.

 

Le dernier dimanche déroulait

Ses instants de bonheur tranquille.

La chaleur du ciel faisait

Calmement ronronner la ville.

 

Des enfants jouaient et riaient

A l’ombre du jardin touffu,

Tandis qu’on parlait et chantait.

Le dernier dimanche s’est tu.

 

Le silence est assourdissant

Quand le cœur ne résonne plus.

Il nous envahit en dedans

Comme l’eau infinie d’une crue.

 

C’était donc la dernière page,

Avant que se ferme le livre

Des belles années et ses images

De tant d’instants, si doux à vivre.

 

Au fond de moi, je te retiens,

Dernier dimanche disparu.

De toute ma rage, je te contiens

Et tu ne me quitteras plus.

 

 

* * * * *

 

Ma Vie Rêvée

 

J’ai construit ma vie. Pas à pas j’ai marché,

Seul, puis tenant ta main, je suis arrivé chez

Nous. Nous avons appris à n’être qu’un ensemble

 Et nous avons bâti ce monde qui nous ressemble.

 

Chaque année, notre table a été rallongée,

Les malles et les placards, même s’ils étaient rongés

 Par les ans sont venus et ont masqué les murs.

Couverts de mots d’amour, de rires et de murmures.

 

Comme au premier instant, tes yeux brillent toujours

 (Quand nous avions dansé jusqu’à la fin du jour).

 Comme tu te ris du temps qui n’a prise sur toi,

Pas plus que la chanson de la pluie sur le toit.

 

Mes membres s’engourdissent, le souffle devient court

Mais autour de la cour les petits jouent et courent.

C’était cela la vie dont j’avais tant rêvé…

 Mais où doit-on aller quand on est arrivé ?


 

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  • Mon besoin d'écrire s'est intensifié depuis quelques années et la forme poétique constitue le moyen d'expression et l'exutoire qui me correspondent le mieux. Je partage avec plaisir ce blog avec Véronique, ma très chère et tendre, pastelliste talentueuse.
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